LE JOUR OÙ BMW M EST (VRAIMENT) NÉ.

Flashback. Nous sommes le 10 mars 1973 au Mallory Park, un circuit britannique niché dans la banlieue de Leicester. Jean-Pierre Jarier - ancien pilote de moto élégamment surnommé « Godasse de plomb » - entame sa troisième saison de Championnat d’Europe de F2 pour l’écurie March-BMW. Relativement discret (voire inconnu) jusqu’alors, le Français se place pourtant sur la grille ce jour-là avec ce qui se révèlera être une arme fatale (au-delà de sa fameuse godasse, donc) : un tout nouveau moteur signé BMW Motorsport GmbH. L’idéal pour supplanter les rivaux de Ford et remporter ce Trophée Radio Luxembourg avec la manière, en se payant le luxe de mettre un tour dans la vue de Mike Hailwood, champion l’année précédente.

Si cette victoire dans une compétition mineure du sport auto peut sembler anecdotique, elle ne l’est pourtant pas. Il s’agit de la toute première (certes, en tant que motoriste uniquement) de la filiale de BMW AG, née moins d’un an plus tôt, en mai 1972. Si la marque est en effet présente sur les pistes depuis les années 1920, les années d’après-guerre ne lui ont apporté que de modestes succès, avant une accélération dans les années 60. Une décennie pendant laquelle le constructeur remporte notamment plusieurs championnats d’Europe des voitures de tourisme. On pense notamment aux titres de Dieter Quester en 1968 et 1969, le second ayant été décroché avec une BMW 2002 un peu spéciale et équipée, pour la toute première fois, d’un turbo sous le capot.  Son nom ? La BMW 2002 Ti K.

Pour profiter de ce bel élan, renforcer la présence de BMW sur la scène sportive et surtout centraliser ses efforts dans ce domaine, la marque place donc le directeur de course Jochen Neerpasch (un ancien pilote passé de l’autre côté de la barrière) à la tête d’une équipe de 35 experts passionnés par l’automobile… et les drapeaux à damier. On en veut pour preuve le triomphe de Jean-Pierre Jarier à l’issue de la saison 1973, remportée avec 12 victoires sur 17 Grands Prix. Mais ce n’est évidemment pas tout. La belle histoire de BMW Motorsport GmbH ne fait alors que démarrer.

Mais c’est avant tout en Championnat d’Europe des voitures de tourisme que BMW Motorsport GmbH (qui deviendra BMW M en 1993) fait parler tout son savoir-faire, qui dépasse bien entendu la simple création de moteurs. Ainsi, dès juillet 1973, un équipage composé d’Hans-Joachmin Stuck et Chris Amon remporte, sur le circuit du Nürburgring, la première victoire du team BMW Motorsport au volant de la mythique BMW 3.0 CSL. Soit un bijou d’innovation ultraléger, le L renvoyant à « Leichtbau » en allemand, ou « Lightweight » en anglais. Une légende est née. Victorieux au classement général de la saison 1973, BMW Motorsport et la BMW 3.0 CSL remporteront 5 autres titres dans les années 70. En 1975, le coupé fait même parler de lui au-delà des pistes en affichant aux 24 Heures du Mans une livrée aussi iconique que versicolore pensée par l’artiste Alexander Calder (un ami du pilote Hervé Poulain). Il s’agit alors de la toute première Art Car du constructeur.

Comme la disco, BMW Motorsport a donc connu ses premières heures de gloire dans les années 70. Mais si la première n’a pas survécu aux années 80, la filiale sportive de BMW Group, elle, est brillamment sortie des années Travolta. Et ce même s’il a fallu attendre 1987 pour la voir réellement rouler à nouveau des mécaniques. Cette année-là, la BMW M3 fait son apparition, accompagnée d’un moteur 4 cylindres. Championne du Monde et d’Europe de tourisme, mais aussi de DTM (Deutsche Tourenwagen Masters) dès sa première saison, ce modèle, avec ses 1500 victoires en course - et ses 60 championnats nationaux en course de rue et de côte et en rallye - est tout simplement la voiture de tourisme la plus titrée du monde. Rien que ça.